Baud Michel. Famille royale et pouvoir sous l'Ancien Empire égyptien: Tome 1

Institut français d'archéologie orientale, 1999. — 410 p. — (Bibliothèque d'étude 126.1).La periode de l'Ancien Empire est longtemps apparue, de manière monolithique, comme un âge accompli aux structures stables et aux réalisations achevées. Le tour de force que constituait l'érection des grandes pyramides, non seulement dans l'art de bâtir, mais aussi dans la capacité à lever, organiser et ravitailler une main-d'oeuvre nombreuse, imposait l'idée d'une apparition rapide de l'État, organisé sur un modèle gestionnaire et bureaucratique. Les sources révèlent effectivement un nombre sans précédent de fonctionnaires et une multiplicité de titres, qui traduisent un bond quantitatif et qualitatif indéniable. Pour autant, les travaux récents consacrés aux périodes prédynastique et thinite, en repoussant les origines de la royauté à l'aube de l'histoire, ont montré qu'il fallait inscrire le processus de l'apparition de l'État dans un beaucoup plus long terme '. Autour de chefs supra régionaux qui ne gouvernent pas encore une Egypte unifiée, un embryon d'administration patrimoniale, dont les sceaux représentent les premiers instruments de contrôle, se dessine en effet dès la période du Naqada Illa, voire Ile, plus d'un siècle et demi avant la I-re dynastie . Les nouveaux besoins créés par cette situation, qu'il s'agisse du ravitaillement du palais ou de la rétribution des fonctionnaires, induisent un changement d'échelle dans l'organisation économique. Bien avant la construction des grands ensembles funéraires royaux à pyramide, le nouvel État-gestionnaire tisse alors un réseau de villes et d'établissements agricoles apte à contrôler les ressources du territoire. Un des fers de lance de cette politique, la bonification des terrains inondables en bord de Nil, s'achève justement au cours de la IVe dynastie, qui se comporte donc, à cet égard, en héritière et non en promoteur.